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LA DÉCENNIE PRODIGIEUSE

L'archéologie

catalane, un outil

au service de la

Mancommunauté

de Catalogne

La Section d’Histoire et d’Archéologie et le monde insulaire. Les Baléares et les Pityuses: le projet intime de Josep Colominas

En 1916 la Section d’Histoire et d’Archéologie de l’Institut d’Etudes Catalanes lance le projet d’étudier scientifiquement les vestiges archéologiques des Iles Baléares et des Pityuses. Jusqu’alors, l’archéologie des Iles avait suscité l’intérêt de nombreux spécialistes, principalement étrangers. L’analyse avait toutefois toujours été faite de manière fragmentée, car elle se faisait dans le cadre d’études comparatives basées sur des collections déjà existantes et sur des preuves de restes visibles. Les sites n’avaient jamais été l’objet de fouilles scientifiquement programmées.

 

Les préliminaires

A Mallorque, en 1885, des études sur les restes archéologiques de l’île commencent à être publiées dans le Boletín de la Sociedad Arqueológica Luliana. Cette société avait vu le jour en 1880 avec le désir de sauver et de préserver dans un musée le fond patrimonial dispersé puisque beaucoup des collections se trouvaient effectivement dans les mains de particuliers.

 

De son côté, à Eivissa, les prémices, plus ou moins académiques, de son archéologie, datent de 1903, année de la fondation de la Société Archéologique Ebusitane (Sociedad Arqueológica Ebusitana). La société avait l’objectif de rassembler toutes les trouvailles archéologiques fortuites qui avaient eu lieu depuis le milieu du XIXe siècle. Cette société avait initié son programme de fouilles sur divers sites archéologiques de cette même île et sur celle de Formentera, comme c’est le cas, par exemple avec Puig des Molins, le plus emblématique de tous. Peu de temps après, en 1907, tous les objets qui composaient le musée créé par cette société furent cédés à l’Etat qui nomma cette même année Rafael Vidal Garcia comme directeur de la nouvelle institution muséale. A partir de 1911, ce nouveau musée aura un nouveau directeur, Carlos Roman Ferrer, qui essayera de poursuivre les fouilles au Puig des Molins à partir de 1913.

 

 

Entrée à la grotte artificielle des Rafal (Santa Eugènia, Mallorque). 1916. Fiche Répertoire Iconographique d’Espagne.

Archives photographiques MAC
Fonds Colominas

Mallorque et Eivissa, deux cas différents

Avant 1916, les fouilles archéologiques sur les îles ne se sont pas réalisées avec une méthode scientifique. Le changement de méthode arrive avec le début des fouilles de l’Institut d’Etudes Catalanes conduites par Josep Colominas. Effectivement, en mars 1916, Colominas commence son étape de recherche sur les îles. Il fouille d’abord à Eivissa, où il explore le Puig des Molins et d’autres sites plus petits. Là, il parvient à former une petite équipe de travailleurs dirigés par un homme de confiance, Josep Marí. De cette manière, pendant tout l’été il concilie les fouilles d’Eivissa avec celles de Mallorque. Ainsi, si au mois de juillet il fouille à Mallorque la grotte de Son Taixaquet (Llucmajor), au mois d’août 1916 il effectue la première expédition à Barcelone du matériel de ses fouilles au Puig des Molins.

 

En automne, de nouveau à Mallorque, il travaille aux « talaiots » de Santa Eugènia et Sencelles, sur les installations de Ses Salines de Santanyí et à la basilique de Son Peretó. Ces allers-retours d’une île à l’autre seront une constante au cours des années suivantes, pendant lesquelles il apportera les travaux scientifiques des îles de Menorque et de Formentera.

 

L’Institut a pourtant dû se résigner à Eivissa à y faire de plus petits travaux ; Colominas paie même Antonio Vives Escudero 125 pesetas pour le compenser des fouilles de l’Institut au Puig des Molins car ce dernier disposait d’un permis qui lui concédait la préférence.

 

Les fouilles à Mallorque furent plus faciles. En premier lieu, il faut souligner les interventions réalisées sur le site de Capocorb Vell, à Llucmajor, à partir de 1917. C’est Josep Colominas qui s’en occupera avec un dévouement et une intensité remarquables au moins jusqu’à la fin de 1926. Parallèlement aux fouilles de Capocorb, Colominas réalisera des fouilles sur de nombreux sites voisins dont, entre autres, Son Julià, Son Dalabau et Son Cresta.